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Autodestruction


Ce matin le constat devant la glace était édifiant.

Les yeux injectés de sang et cernés, le teint très pâle voir grisâtre, le visage bouffi et mal rasé, les cheveux cassants, les lèvres sêches...
Même ma brosse à dent avait l'air de dire "T'as une sale gueule" d'un air blasé, avant de me cracher du dentifrice au visage.
C'est le calme plat chez moi et pourtant j'entends des petits sifflements dans mes oreilles, des problèmes d'acouphènes dûs au stress selon mon docteur.
On dirait du morse. Peut-être est-ce un appel de détresse de mon corps me dis-je, et que si je venais à retranscrire ces signaux en lettres, les mots codés seraient sûrement bien plus violents que ceux de ma vieille brosse à dent. Qui risque fort de se retrouver dans la poubelle à la prochaine altercation...

Il est temps de se peser, de constater encore une fois les dégâts en chiffre.
Je monte sur la balance, les chiffres se stabilisent, c'est pire que la dernière fois.
116.2 kg pour un type d'1 mètre 86 qui vient juste d'entrer dans sa 27 ème année.
Autant dire que le corps svelte et sportif de ma jeunesse est déjà loin derrière moi.

Je m'habille et me dirige lentement vers mon salon, pensif.
Je regarde le mortuaire sur la table, celui de ma tante décédée la veille. Encore une personne de ma famille emportée par le cancer, seule. Je culpabilise, je me dis que j'aurais dû être plus présent.
C'est vrai, je suis devenu asocial. Je ne vois plus mes amis ainsi qu'une grande partie de ma famille. Je côtoie juste mes collègues de travail et mon docteur. Je sens que mes amis m'en veulent de ne pas donner assez de nouvelles mais je ne trouve pas les mots pour leur expliquer. J'essaye parfois puis j'ai l'impression que je vais devenir trop plaintif.

Nos foutus dialogues sur MSN se résument à :

Dépressif dit : "Salut"
Ami dit : "Salut"
Dépessif dit : "Ca va ?"
Ami dit : "Mouais et toi ?"
Dépressif dit : "Ouais bien"
Ami dit : "Alors quoi de neuf ?"
Dépressif dit : "Euh... rien et toi ?"
Ami dit : "Rien..."

Je ne supporte pas que l'on me voit dans un état de faiblesse, je ne demande jamais d'aide, je suis quelqu'un de très fermé, je ne laisse jamais transparaître d'émotions, je suis con.
J'arrive même au point de ne plus rien désirer. Plus envie de construire quelque chose avec une femme, plus envie de plaire. Je survis.

Que m'est-il arrivé ? J'ai pourtant eu une enfance joyeuse. Peut-être trop. Peut-être ai-je fait trop de conneries, trop d'excès. L'alcool, le tabac, les filles... je le paye maintenant malgré quelques années moins rock'n'roll et plus rangées.

Je réfléchis, je me dis que quelque chose ne tourne pas rond dans ma boite crânienne.
En Mai dernier, mon corps m'a lâché, une violente douleur me cloua au sol. S'en suivi des tremblements et d'énormes suées. Je passe la porte des urgences pour être de suite emmené au bloc opératoire. Ma vésicule avait explosé et empoisonné mon corps. Je me réveille, je récupère, on m'emmène dans une chambre. Je n'apelle personne, je profite du silence sans penser au lendemain. Je suis bien ... je me sens bien dans un hôpital avec le bide perforé et un drain de 20 centimètres entre les boyaux, bizarre. Mon chirurgien pensait même que j'étais ce genre de personne toujours optimiste, la bonne blague ahha ha.

De retour chez moi ma bonne humeur ne dura pas longtemps, je mange à n'importe quelle heure comme pour combler mon ennui, je dors encore moins, pire... j'ai perdu le goût de faire de la musique, de composer. La seule chose qui me faisait du bien jusque là.

La musique peut-être vicieuse, c'est dans la souffrance que l'on fait nos textes les plus poignants, que nos instruments se mettent à parler d'eux-même, à dégager de l'émotion. Peut-être qu'inconsciemment je me suis détruit pour assouvir cette passion mais là je n'ai plus d'inspiration. Je me torture devant cette foutue page blanche.

Je veux revivre, je vais me reprendre en main, faire du sport, ressortir mon banc de musculation, mon vélo, mon envie... mes envies.
Je prends mes mensurations comme avant, je profite de l'anonymat du net pour me confier et me motiver.
Je tiens mes lecteurs au courant de mon évolution.

Premier point de controle.
1m86 116.2kg
Sale gueule


Cou : 43cm
Epaules : 123cm
Poitrine : 113cm
Taille : 124cm (Oui c'est là que le bas blesse)
Hanches : 119.5cm
Cuisses : 73.5cm
mollets : 41cm
Biceps : 42cm
Avant-bras : 32cm


J'ai trouvé un programme de musculation adapté, associé à une activité aérobique.
Je vais me reconstruire à commencer par mon corps, je vous prends pour témoin.

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